vendredi 29 avril 2016

Diasporama

Je ne dirai pas que j'ai quitté Louviers pour retrouver Louviers. Et pourtant …
Olivier Aubert, plein vent ! Le début de la troisième série.
D'Olivier Aubert, à ses amis Daniel et Colette, d'Olivia Paoli à Franck Martin et Ghislaine Baudet puis à la rencontre inattendue de Geneviève Pech et puis à celle de Sonia, ma quasi-nièce de Val de Reuil,  même si j'ai loupé Marie-Hélène et Christian Gâteau … j'aurais eu maintes fois l'occasion de me relier à mon port d'attache. 


Bien sûr, selon les histoires et les individus, le niveau d'attachement à la ville n'est pas le même. Il n'empêche, même chez Daniel et Colette, qui ont délibérément fait le choix de s'installer à Hyères, dans le grand sud, et qui ont fait ce choix il y a longtemps, Louviers, son environnement, disons, le territoire de l'agglomération de Louviers et ce qui s'y est vécu est terriblement présent. 
Je repense à la très belle formule de Clemenceau : quand on est jeune, c'est pour la vie… à laquelle Daniel rend hommage par sa propre existence. Ce qu'un individu réussit à vivre entre 15 et 25 ans le poursuit intensément. L'amitié d'Olivier et de Daniel s'est forgée dans la rébellion, dans le refus du sort que la société leur avait assigné en tant que fils d'ouvrier, un emploi technique dans un lycée technique et une vie dont l'essence même devait être de ne surtout pas déranger. 

D'Hyères à demain

Pas de Camargue sans taureaux. A Aigues Mortes, on
propose jusqu'à plus soif des saucissons de taureau.
Ainsi ont-ils réussi à se faire virer de leur lycée de Louviers et à réussir leur vie… parce qu'à l'analyse, l'épreuve personnelle subie par Olivier Aubert, les difficultés qu'il continue à vivre, ne contredisent pas le fait qu'on peut dire qu'il aura eu une vie riche, quoi qu'il advienne à présent. Et la force de son amitié avec Daniel, s'est précisément forgée dans ces moments de rébellion qu'ils ont vécu en commun. C'est un alliage des plus puissants… 
Après, Daniel comme Olivier ont eu des vies bien différentes et éloignées, mais ils ont su se retrouver aux moments cruciaux. On ne quitte pas Louviers comme ça. Il en reste toujours quelque chose. Une nostalgie, une blessure, une cicatrice, ou le souvenirs de bonheurs, de moments de joie qu'un oeil éclairé, un sourire plus ou moins large laisse percevoir. 
Alors quoi, aurais-je été déçu du fait que de ce midi, je recueille avant tout des témoignages lovériens ? On pourrait dire : si c'est comme ça, pas la peine de faire tous ces kilomètres à vélo ! Le mistral, les vents divers, crevaisons et petites misères, les efforts parfois pénibles … tout ça pour aller rechercher Louviers que tu avais à portée de main … 
On pourrait dire ça… Mais ce serait bien misérable. En fait, autant d'exils, même provisoires, autant de regards, autant d'éclairages sur ma ville, sur ma vie. 
Quel point commun entre les visions d'Olivier, d'Olivia, de Franck, de Geneviève, de Daniel, de Gigi, d'autres encore ? Ben, finalement, moins le point commun qui est intéressant, que les différences. 
Etang de Camargue. Du riz, des moustiques, sans doute,
mais pas de piqûres durant la traversée
Geneviève retrouve des années après le village de son enfance à Lanet.  Elle l'a heureusement quitté à l'adolescence et a par la suite marqué la vie lovérienne comme tous les lieux par lesquels elle est passée. Cela méritera  un épisode sur ce blog. Olivia, elle, ouvre un nouveau chapitre dans son existence. Elle est partie il y a trois mois à peine et garde encore les mots et les regards de ceux qui se sont sentis abandonnés. Ghislaine, elle, reste marquée et Franck est plus lovérien que jamais … Tout cela me fait penser à ce que j'ai pu vivre en Angleterre, lorsque j'y ai passé une longue année : les séjours à l'étranger vous font sentir profondément français. 
Alors voilà, je suis parti d'Hyères encore ému par le touchant accueil d'Olivier Aubert et les récits de la jeunesse rebelle de Daniel, qui a évoqué la petitesse de Bernard Leroy et l'engagement et la générosité de Bernard Amsalem. 
En hommage à Olivia et Nina, cette vue au sortir de la
terrible montée du Castellet. Vision panoramique de
La Ciotat et de la Méditerranée. En compensation des
photos des charmants personnages que je n'ai pris le temps
de faire,  tellement pris par la conversation.  
J'ai quitté ce beau monde pour rejoindre Olivia au Beausset, avec sa délicieuse petite Nina. Une gamine de 3 ans ou presque, bien dans sa peau et qui ne passe pas sa vie à se faire engueuler … tant il est vrai qu'Olivia habite un lieu qui semble idéal pour les petits enfants … plain pied sur un petit jardin, dans une grande maison.
J'étais bien content d'arriver sur ses hauteurs après avoir subi le mistral toulonnais… 

Du Beausset à Saint Martin de Crau, via Gardanne

Le lendemain matin, hélas, j'ai eu le mistral qui descendait du circuit du Castellet que je remontais … Un vent contraire qui n'allait m'abandonner que le soir… à une quarantaine de kilomètres de Saint-Martin-de-Crau … Seule étape non-lovérienne de mon périple méditerranéen. Le mistral s'engouffre partout. 
Passage rapide par Gardanne. Je me perds un peu en route …Je vois un poste de police municipale. On montre patte blanche en sonnant avant d'entrer. Je demande ma route à l'accorte policier de service. Il m'explique… Puis, soudainement : vous avez un vélo ? Rentrez-le ! Et d'un air entendu avec un fort accent méridional : "ici, on n'est pas en Normandie". Première fois que j'entends parler de mon pays comme de celui de la douceur de vivre. Du coup, le policier m'a accompagné devant la porte et m'a indiqué directement le chemin … Avant de se rendre compte qu'il n'avait pas les clefs et ne pouvait plus rentrer. Il a eu le temps de me souhaiter bonne route.

des transports vraiment exceptionnels 

Jean-Philippe, m'a accueilli la nuit tombée, le temps de me parler de son magnifique métier d'organisateur de convois exceptionnels … Vous savez, me dit-il, ceux qui vous embêtent sur la route … 
Non, Jean-Philippe, les convois exceptionnels ne m'embêtent pas … désolé. Je les aime. Je les aime plus que les voitures rapides qui me frôlent … Je les aime aussi parce qu'ils ralentissent la circulation. Je les aime enfin, parce que j'aime tout ce qui bouge, tout ce qui voyage. Enfin, j'ai bien vu à quel point ce que Jean-Philippe transporte est à chaque fois un cas particulier qui nécessite une approche technique et professionnelle. Pas de routine dans ce métier. La plupart des transports ont d'ailleurs lieu de nuit. C'est une autre aventure que celle du cycliste solitaire, mais elle a au moins autant de valeur.
Le lendemain, départ pour Montpellier. Passage par Arles, trop vite … puis la Camargue, les taureaux, les chevaux, Crin Blanc … 
Pause à Aigues-Mortes, fortification due à Louis IX, pour
les troupes d'aller piller le sud de la Méditerranée. On a
appelé ça les Croisades. Aigues Mortes est à présent un
exemple typique de la transformation de site militaire en
lieu de délice touristique. 
Arrivée chez Sonia et Geoffrey … Geoffrey, c'est le fils de Frédérique … Celle qui a couronné mon étape la plus difficile. Bien sûr, avec Sonia, avec Geoffrey, on n'a pas beaucoup parlé de souvenirs, de Louviers, de Val de Reuil. On a parlé d'avenir et de présent. Sonia construit sa vie, avec Geoffrey. C'est leur aventure… Même si Sonia fait partie de la diaspora. 
Un échantillon de la diaspora vu de Lanet
Et puis, voilà, départ le lendemain de Montpellier pour Lairière, un peu plus de 150 km. Du vent, des montées, le canal du midi, Béziers, le Front National, des prostituées … sacrée étape mais cela fera l'objet du prochain épisode. 




3 commentaires:

  1. Belle aventure, cher Olivier Taconet. Mais pourquoi, diable, avez-vous embarqué la politique à bord de votre vélo? N'était-ce pas le moment de faire le vide de cette pollution qui atteint l'esprit. Je reste dubitatif de votre propension à célébrer un ancien adversaire de droite, devenu héros du moment, à vos yeux: "le touchant accueil d'Olivier Aubert". Donc les joutes verbales, des plus assassines entre votre maitre en politique, Franck Martin et son principal opposant, UMP de l'époque, n'était que du cinéma et jeu de rôle? Comme respect des électeurs, il y a mieux. De même qu'est-ce qui vous prend, au même instant, de flinguer celui qui fut partenaire de votre héros d'aujourd'hui, d'un "la petitesse de Bernard Leroy"? Pourquoi le nouveau président de la CASE serait "petit"? Je vous signale que le jour de son élection à la présidence, il avait eu la "grandeur" de saluer Franck Martin et deux autres élus, pour leur travail efficace à la création de l'Agglo...
    Je m'arrête là, vous souhaite bonne route et vous invite à prendre un bon bol d'air, loi des jeux de rôle politiciens.
    José Alcala

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  2. Merci pour tout mon cher José, et toutes mes excuses pour ma réponse tardive … mais ma connexion avec internet est aléatoire et occasionnelle. Bref, je réponds sur les trois points : la politique, Olivier Aubert et Bernard Leroy.
    Sur la politique. Eh bien non, désolé, je ne la considère pas comme une pollution. La politique, c’est juste la vision collective de l’humanité. Elle permet de sortir d’une vision individuelle. Elle est bien naturellement polluée, et enrichie d’ailleurs, parce qu’elle est humaine, mais ce n’est pas la politique qui pollue l’esprit. Je voyage donc avec ma vision politique, comme avec mes liens affectifs, intellectuels et autres qui font partie de mes bagages et me sont aussi utiles que l’opinel que vous m’avez offert dans son étui. Je voyage avec mes souvenirs, mes rêves et mon corps. Comme le chantait avec esprit Marie-Paule Belle dans les années 75: « je ne suis pas schizophrène … » et pour tout dire, ça ne me gêne pas.
    Pour Olivier Aubert. Non, je ne le célèbre pas mais je voudrais rappeler quelques vérités, indispensables pour quelqu’un qui a été tellement victime de mensonge.
    Au premier chef, le fait qu’on ait été adversaire politique. Je rappelle que, non, il n’y a pas eu de joutes assassines. Il y a eu des divergences profondes, il y a eu débat, et heureusement.
    Le débat politique a deux missions essentielles : la première, celle d’éclairer les positions des uns et des autres, la deuxième celle de les faire évoluer.
    Ce qui pollue le débat précisément, est tout ce qui fige les positions et qui amène le rejet et mène parfois à la haine… sans qu’on sache de quoi il retourne. Qu’il me soit permis de rappeler que jamais Olivier Aubert n’a affiché d’attitude xénophobe et que ses positions vis à vis du Front National ont toujours été très claires.
    Là dessus, je laisse Olivier Aubert suivre sa propre évolution, comme il me laisse suivre la mienne.
    Pour ce qui est de l’aventure humaine d’Olivier Aubert je considère qu’elle est de celle qui doit servir de leçon à tout le monde. Il a été victime d’une erreur judiciaire. Cette erreur lui a coûté très cher, continue de lui coûter très cher. Elle a mis fin à ses espoirs politiques, elle a ruiné sa carrière professionnelle, elle a déséquilibré et mis à mal sa vie familiale et affective et l’a poussé au bord du suicide. Il en parle dans son livre « Elle a menti », et la leçon de vie qu’il a donné au café radical comme lorsqu’il est passé à la télé mérite toute notre attention.
    Reste ce que j’ai dit de Bernard Leroy.
    C’est vrai que je n’ai pas à juger de son comportement vis à vis de son ancien compagnon de route Olivier Aubert, envers qui il n’a fait preuve d’aucune compassion. Je trouve ça petit, effectivement mais on peut penser que je n’ai pas à m’en mêler.
    Ensuite, il y a le comportement politique de Bernard Leroy. Il a rendu hommage à Franck Martin, créateur de la Communauté d’agglomération … Franck aurait dit : c’est l’hommage du vice à la vertu… dans la mesure où Bernard Leroy s’est opposé à la Case depuis le début et, à mon avis, mais j’y reviendrais, n’a toujours pas acquis de vision de territoire mais continue à percevoir la communauté d’agglomération comme un instrument de redistribution entre les communes. C’est précisément ce que j’appelle voir petit. Le reste est de l’ordre du débat que nous ne manquerons pas d’avoir, à proximité ou à distance. En sédentaire ou en itinérance.
    Mes amitiés de Barcelone. Je te salue mon cher José.

    Olivier TACONET

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  3. Je me suis beaucoup amusé en lisant ton commentaire José. La réponse d'Olivier Taconet recadre bien les choses mais je vais quand même la compléter, pour le fun.
    D'abord, tu y vouvoies Olivier Taconet alors qu’habituellement tu le tutoies. C’est un détail mais n’est-ce pas là un peu de « cinéma », un « jeu de rôles » tel que tu le dénonces dans ton commentaire ?
    Ensuite, tu nous donnes une leçon de "respect des électeurs" en tentant de faire croire que tu aurais découvert, à la lecture de son blog, qu'en dehors de la scène politique locale, Franck Martin, Olivier Taconet et moi-même nous connaissons et que nous entretenons des relations non conflictuelles, voire amicales..
    Un peu de sérieux et d’honnêteté. Au début des années 80 tu étais journaliste à FR3 quand j'étais moi-même journaliste au Courrier de l'Eure et que Franck Martin et Olivier Taconet étaient à La Dépêche. Nous avons toujours eu des points de vue différents sur certains sujets mais depuis tout ce temps, nous avons appris à en débattre, souvent avec passion, mais heureusement, avec estime et respect.
    En plus de nos relations professionnelles et de notre intérêt pour Louviers, nous étions eux et moi licenciés à l'Etoile Athlétique Lovérienne où nous avons pratiqué ensemble la course à pied sur route (dont le Marathon Seine Eure) et le cross-country (dont le Challenge Carrington).
    En 1983, lorsque tu as été élu conseiller municipal et adjoint au maire d’Odile Proust en 1983, j’ai succédé à Olivier Taconet au service communication et relations publiques de la Ville.
    Les Lovériens, les colistiers, et les amis de Franck Martin connaissent tout cela et puisque tu m'en donnes l'occasion j'ajoute que j'ai habité plusieurs années sur le même palier qu'Olivier Taconet dans l'un des immeubles de la Rue de Belgique. Tu vois cette amitié n’a rien de soudaine et il ne faut pas y chercher de complot ou de trahison des électeurs. S’amusant d’une certaine ressemblance physique et de parcours professionnels voisins, la presse locale nous a souvent qualifiés de « frères ennemis ».
    Alors, comme il n'y a pas que le débat politique dans la vie, les valeurs humaines et l’amitié des uns pour les autres ont dominé au moment où j'ai été piégé dans une affaire politico-judiciaire abusivement médiatisée. Au début de ce mois j’ai été relaxé par le Tribunal correctionnel d’Evreux pour les accusations de harcèlement et de menaces. Curieusement il n’en a pas été fait mention dans la presse.
    Grâce à ces soutiens lovériens j’ai tenu le coup. J'aurais aimé trouver ces soutiens et ces valeurs auprès de mes « amis politiques » d’hier mais ils n’ont pas su se montrer à la hauteur de la situation, préférant privilégier leur petite personne. Le PRG ayant toujours exprimé son opposition à la « détention provisoire » qui est la condamnation d’une personne présumée innocente. Mon expérience malheureuse a servi de fil conducteur au Café radical du 18 mars. La soirée-débat a été un moment fort réunissant toutes les sensibilités de l’échiquier politique. J’ai expliqué les procédures communes à toute personne mise en cause et leurs conséquences dramatiques. Mon regard sur la politique en est changé. Nous en reparlerons plus tard.
    Pour l’heure, je te recommande la lecture de mon livre « ELLE a menti ». Tu y découvriras comment le police et la Justice vous ont manipulé en décrivant une scène d’agression « glauque comme au cinéma » selon ta propre expression sur Caméra Diagonale, mais qui n’a jamais existé comme l’a prouvé l’enregistrement de la vidéo-surveillance qui m’a innocenté de ce crime.

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